Koalen 18 : transformation en biquille

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Et après transformation en biquille

Le chantier Grand-Largue a construit en 2017 un Koalen 18 pour une personne souhaitant mouiller son bateau en face de sa maison de vacance, à Damgan, Morbihan, à l’ouvert de l’embouchure de la Vilaine. Bateau à quille longue, le Koalen 18 se prête très bien à un échouage sur béquille et semblait adapté au mouillage choisi. Malheureusement ce mouillage est mal protégé des vents de secteur Sud, même si le corps-mort est bien situé, au fond de l’anse, protégé par une barrière de rochers. En outre, il arrive que les béquilles viennent reposer sur la souille produite par la quille lors des marées précédentes. Résultat : béquille cassée et même bordé enfoncé par une béquille. Bref, après les premières saisons, il fallait trouver une solution : vendre le bateau et acheter un autre ?

C’est alors que le patron de ce Koalen 18 m’a consulté : pourrait-on convertir ce bateau en biquille ? J’avoue être d’abord réticent à cette idée qui représente un changement majeur dans la structure du bateau. Mais ce monsieur insiste et j’examine les plans, d’autant que j’aime bien les challenges. Le Koalen 18 est un petit bateau (5.5 m) dont la charpente en contreplaqué est robuste. Il a été dessiné entièrement en 3D, ce qui facilite les simulations. On imagine des quilles latérales en contreplaqué très épais (45 mm) munies de deux demi-torpilles de plomb à leurs bases (75 kg chacune, donc 300 kg de lest en tout). Une fente sera pratiquée dans le bordé et les quilles, découpée en peigne pour se marier aux cloisons internes y seront glissées. On est sous les couchettes et la structure est localement renforcés par des varangues et des élongis. Il ne reste plus qu’à couper la quille existante, dont on ne conserve que l’extrémité arrière qui porte le gouvernail.

Le chantier Grand-Largue établi un devis et je fournis schémas de montage et des fichiers de découpe numérique de toutes les pièces nouvelles. Et voilà ce Koalen 18 biquille livré à son propriétaire !

Lors de mes navigations, à l’été 2023, je fais escale à Penerf, juste à côté. Nous prenons rendez-vous pour un essai. Gilles, est très satisfait du résultat qui répond tout à fait à ses souhaits : faire une sortie en baie de Vilaine, le long de la côte, soit vers l’Ouest, soit vers le Croisic. Le bateau a perdu en cap mais pour des sorties à la journée, on choisit sa route en fonction du vent et on s’adapte. Reste le plaisir de barrer son bateau en liberté et d’embarquer ses petits-enfants ! Et il n’y a plus aucun problème à l’échouage les jours de mauvais temps. D’ailleurs le seul autre voilier dans la baie est un Bilou, biquille en polyester de plus grande taille.

Je suis sorti avec le bateau. Ensuite nous avons navigué de conserve, moi sur mon Pen-Hir pour prendre des photos. Je voulais faire un bilan de cette opération. J’avais depuis longtemps un a priori favorable vis-à-vis des biquilles. Bien conçus, les performances restent comparables à celles d’un dériveur lesté, avec lesquels on partage l’avantage d’un échouage facile. Il a même été démontré qu’avec des appendices bien dessinés (Surprise ou RM par exemple) « le biquille perd un peu de terrain au près mais ne lâche rien aux autres allures » (Loisir Nautiques août 2007). Qu’en est-il du Koalen 18 ? Au près, on constate un bruit nouveau dû aux vagues autour de la quille au vent qui sort de l’eau à la gîte. Il y a aussi une perte de cap qu’il n’a pas été possible d’évaluer de façon précise. La coque du Koalen 18 est constituée d’un bordé développable dans les fonds et d’un bordé en bois moulé de contreplaqué sur les flancs. Une lisse renforcée est à l’interface et les quilles devaient impérativement en être dégagées. On les a placées à l’extérieur, donc assez écartées, probablement trop. Par ailleurs on a conservé toute la partie arrière de l’ancienne quille et le safran ayant une quête assez importante. C’est bien sûr la conséquence d’une transformation d’un bateau existant. Sur un bateau neuf on adopterait un safran quasi vertical, des quilles plus rapprochées, pour que les performances restent assez proches de celle du quillard. La structure, courante sur mes plans de bateau en bois-époxy, consistant en une imbrication de cloisons transversales et longitudinales se prête très bien à une installation structurellement saine des quilles latérales. Le biquille est à la fois une alternative au quillard et au dériveur. Vis-à-vis de ce dernier, qui garde l’avantage de la mise à l’eau à partir d’une remorque, on élimine les inconvénients d’une dérive : lest plus haut, encombrement de la cabine, entretien. Pour le quillard, on élimine les contraintes des béquilles.

Cette publication a un commentaire

  1. Hourton Gilles

    Vraiment très intéressant comme transformation / adaptation, j’ai acheté les plans d’étude du Koalen 18 et cette version le rend encore plus séduisant. Fervent adepte de l’échouage, le biquille offre la possibilité de pouvoir découvrir de splendides mouillages (même en plein été !) qui plus est, avec un bateau qui se fond dans le paysage sans le dénaturer…

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